Dans son livre Crossroads : How Road Ecology Shapes the Future of Our Planet, le journaliste américain Ben Goldfarb étudie l’impact des routes sur la biodiversité et explique comment leur construction entraîne de graves problèmes pour les écosystèmes.
Collisions routières, une menace pour de nombreuses espèces
Goldfarb souligne dans son livre que les routes ont un impact massif sur la biodiversité. Par exemple, aux États-Unis, davantage d’oiseaux sont tués chaque semaine sur les routes qu’au cours de la catastrophe pétrolière de Deepwater Horizon en 2010. Les collisions routières représentent une réelle menace pour certaines espèces rares, comme la panthère de Floride dont il ne reste plus que 200 individus, avec 10 % d’entre elles tuées par des voitures chaque année.
Les routes engendrent également une importante perte d’habitat pour la faune. Entourés de routes, les animaux se retrouvent piégés dans des îlots d’asphalte sans possibilité de quitter la zone pour trouver un partenaire ou chercher de la nourriture. Cette situation entraîne un déclin des populations et, à long terme, pourrait conduire à l’extinction de certaines espèces.
La pollution sonore, un autre facteur de destruction des habitats
Outre les collisions, la pollution sonore générée par le trafic routier a également des conséquences désastreuses sur la biodiversité. L’étendue de cette pollution peut atteindre 1 kilomètre de chaque côté d’une route, provoquant une nouvelle forme de perte d’habitat pour la faune.
Au fil des décennies, certaines espèces ont évolué pour s’adapter à ces conditions hostiles. Par exemple, les ailes des hirondelles sont devenues plus courtes afin de pouvoir effectuer des virages rapides et éviter les véhicules en mouvement. Bien que cette adaptation soit fascinante, elle témoigne du profond impact des routes sur la sélection naturelle et l’évolution des êtres vivants.
L’impact des voitures
Les voitures constituent une menace directe pour certaines espèces rares, mais elles affectent également des populations d’espèces relativement abondantes, comme les tortues. Même si les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont cruciaux, ils ne résoudront pas tous les problèmes liés aux routes. En effet, même les voitures électriques continueront de causer des collisions, de fragmenter les habitats et de disperser des particules chimiques provenant des pneus, qui polluent les rivières et tuent les saumons sur la côte ouest des États-Unis.
De plus, des études montrent qu’en rendant la conduite moins coûteuse, les gens finissent par utiliser davantage leur voiture, ce qui nuit encore davantage à la faune.
Des solutions pour protéger la biodiversité
- Fermetures temporaires : dans certains pays comme la France, les Pays-Bas ou la Suisse, des fermetures temporaires de routes sont mises en place pour permettre la migration des animaux, notamment pendant la saison de reproduction des amphibiens.
- Passages à faune : des structures telles que les écoducs ou les passages à faune sous les routes permettent aux animaux de traverser en toute sécurité.
- Réduction du trafic routier : encourager l’utilisation des transports en commun, du covoiturage ou des modes de transport alternatifs peut contribuer à diminuer le nombre de véhicules sur les routes et à protéger la biodiversité.
Cependant, malgré quelques initiatives locales, le problème global demeure colossal. Avec 7 millions de kilomètres de routes aux États-Unis seulement, les efforts entrepris jusqu’à présent ne suffisent pas pour contrer l’ampleur de cette menace pour les écosystèmes.
Pour protéger durablement notre planète, il est impératif de remettre en question non seulement l’utilisation des voitures en tant que telle, mais aussi de repenser nos priorités en termes d’aménagement du territoire et d’urbanisme.