Une décision grenello-incompatible
Le « Plan bio » porté par le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, prévoit de porter l’agriculture biologique à 6 % de la surface agricole utile (SAU) d’ici 2012, et à 20 % pour 2020. Or fin 2009, le secteur représentait seulement 2,46% de la SAU. Si la hausse du crédit d’impôts avait, selon la Fédération nationale d’agriculture biologique, « le mérite de remettre un peu de justice dans l’attribution des aides » en ciblant les petites structures, sa réduction est vécue comme « un message très négatif adressé à la Bio ». Le WWF dénonce quant à lui une « ineptie », « en totale contradiction avec les objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement ». L’ONG rappelle que la France, « plus gros utilisateur européen de pesticides », se classe au 22e rang pour sa surface cultivée en bio, loin derrière ses voisins l’Autriche (17,4% de la SAU), l’Italie (7,9%) et l’Allemagne (5,9%).
La PAC, fausse excuse du gouvernement
Pris à partie pour l’abandon successif de plusieurs acquis du Grenelle (crédit d’impôts bio, rachat de l’électricité photovoltaïque), le gouvernement cherche de son côté à minimiser l’impact de la mesure. Dans un communiqué conjoint diffusé le 4 janvier, les ministres de l’Écologie et de l’Agriculture « réaffirment leur engagement en faveur du développement de l’agriculture biologique ». D’après eux, « la possibilité de cumuler le crédit d’impôt et les aides européennes compense la réduction du crédit d’impôt et permet une meilleure utilisation des fonds européens ». Hélas, ces aides européennes, en hausse de 18 % en 2011, ne sauraient occulter le désengagement de l’État envers de l’agriculture bio. Proportionnelles au nombre d’hectares cultivés, elles sont en outre moins favorables aux petits exploitants que ne l’est le crédit d’impôts, au grand dam des représentants de la filière.