Baisse historique de la production nucléaire en France
L’année 2022 a été une année complexe pour les systèmes électriques en Europe et particulièrement en France. La disponibilité limitée de l’énergie nucléaire est sans doute la donnée la plus marquante concernant le système électrique français en 2022 : l’énergie nucléaire n’était pas facilement disponible. Les infrastructures, affaiblies par des problèmes structurels et des travaux d’entretien retardés, n’ont produit que 279 TWh d’électricité en 2022. Cela représente encore 63% de la production nationale, mais c’est la production la plus basse depuis 1988 et une baisse de 30% par rapport aux deux dernières décennies. En moyenne, sur l’ensemble de l’année, la disponibilité du parc nucléaire n’était que de 54%, contre près de 73% pour les cinq années précédant la crise du Covid-19. Cette situation illustre les difficultés actuelles rencontrées par cette industrie, coincée dans une sorte de limbes.
Un manque d’investissement et des fermetures de centrales mal anticipées
Le vieillissement des infrastructures n’a pas bénéficié des investissements qui auraient pu prévenir ou anticiper les problèmes techniques survenus en 2022. La fermeture de certaines centrales n’a également pas été correctement anticipée ni compensée par des investissements dans de nouvelles infrastructures, qu’elles soient nucléaires ou renouvelables. Moins de 50 TWh d’électricité ont été produits par les barrages français, qui sont pourtant la principale source de production d’électricité renouvelable du pays.
Le gaz en tête des sources de production électrique en 2022
En 2022, le gaz a pris la première place parmi les sources utilisées pour la production d’électricité. Paradoxalement, alors que nous devons réduire notre dépendance au gaz en pleine situation d’invasion en Ukraine, la part du gaz a connu une croissance importante dans le mix électrique français. En conséquence, l’électricité française en 2022 était plus polluante que d’habitude en raison de la baisse des productions nucléaire et hydroélectrique et de l’augmentation de la production de gaz.
- 87% de l’électricité produite en France provient de sources à faible taux de carbone, mais ce chiffre était auparavant plus élevé, autour de 91%.
- Les émissions de CO2 du système électrique français ont augmenté d’environ 17% en 2022, atteignant 25 millions de tonnes.
- La France se classe toujours parmi les meilleurs élèves européens grâce à son parc nucléaire historique, prenant la troisième place dans l’Union européenne, juste derrière la Suède et la Finlande.
Une consommation en baisse, mais une production insuffisante
Alors que la consommation a légèrement diminué vers la fin de l’année, elle a augmenté durant certaines périodes, notamment au printemps avec un mois d’avril plus froid. En comparant cette légère baisse de consommation à la baisse de production, on constate un déficit de production d’environ 15 TWh. Ce déficit a été compensé par des importations en provenance des pays voisins. Pour la première fois depuis 1980, la France est devenue importatrice nette d’électricité sur l’ensemble de l’année, en particulier pendant les mois de juillet, août et septembre qui ont été les plus difficiles pour le secteur nucléaire.
Le système électrique français à la croisée des chemins
Les difficultés rencontrées en 2022 montrent clairement que le système électrique français est à un tournant et qu’il est urgent d’investir pour développer le système de production de demain. C’est ce qui a été amorcé avec l’installation de 5 GW de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable ; cependant, il faut aller plus loin et investir massivement pour préserver la qualité du système électrique français.