Une nouvelle étude internationale vient confirmer que nos activités anthropiques ont finalement poussé la Terre hors du seuil « sûr » pour l’eau douce, franchissant les limites à la fois de l’eau verte et de l’eau bleue. Ici, nous examinerons les découvertes clés de cette recherche et son importance pour l’avenir de notre planète et de l’humanité.
Les limites planétaires : un indicateur de changements catastrophiques
Les limites planétaires sont conçues pour mesurer dans quelle mesure notre système terrestre peut absorber les pressions humaines sans compromettre les conditions de vie sur Terre. Selon les chercheurs du Stockholm Resilience Center, il est plus judicieux de parler de frontières plutôt que de limites, car les points de basculement ou « tipping points » sont souvent imprévisibles voire inexistants dans la plupart des cas.
- En 2015, une évaluation mondiale a déjà montré que plusieurs limites planétaires étaient dépassées – Source : Steffen et al., Science
- La dernière étude prend en compte de nouvelles données et paramètres, confirmant le dépassement des limites pour l’eau douce
La 6ème limite planétaire : le cycle de l’eau douce
Jusqu’à présent, la limite du cycle de l’eau douce était encore partiellement dans l’espace sûr, mais la réévaluation et la prise en compte des travaux réalisés sur les « nouvelles entités » ont conduit à franchir également le seuil de l’eau bleue.
Dans cette étude, on distingue :
- L’eau bleue : la part d’eau issue des précipitations atmosphériques qui s’écoule dans les rivières vers la mer ou est recueillie dans les lacs, les nappes phréatiques ou les réservoirs
- L’eau verte : la part d’eau issue des précipitations atmosphériques absorbée par la végétation; ce faisant, elle assure la résilience de la biosphère, en consolidant les puits de carbone terrestres et en régulant la circulation atmosphérique
Des limites désormais dépassées pour l’eau bleue et l’eau verte
L’étude montre qu’environ 18 % de l’eau bleue et 16 % de l’eau verte à la surface des terres mondiales subissent des écarts importants entre sécheresse et épisodes humides. En comparant ces variations aux conditions préindustrielles, les chercheurs ont établi des limites à 10,2 % pour l’eau bleue et 11,1 % pour l’eau verte – ces seuils sont désormais largement dépassés.
Repenser notre modèle de développement face à l’urgence écologique
Le dépassement des frontières planétaires pour l’eau douce met en évidence l’impact profond et néfaste de nos activités sur la Terre. Nous devons repenser notre modèle de développement, réduisant considérablement notre empreinte écologique et nous engageant à préserver nos précieuses ressources en eau douce.
Faire face à cette réalité est un choix crucial non seulement pour respecter nos engagements en matière de lutte contre le changement climatique mais aussi pour assurer la survie d’une partie de l’humanité. La violation des limites planétaires appelle également à décoloniser les idéologies capitalistes-coloniales et leurs pratiques, et à imaginer une transition vers un avenir résolument plus juste et durable pour tous.
Lutter pour la justice socio-écologique
Repousser les frontières planétaires signifie replacer la justice sociale au cœur de notre démarche. Toutes les populations doivent bénéficier équitablement des ressources en eau douce et avoir voix au chapitre dans la gestion de ces ressources. Cette approche s’inscrit dans un mouvement plus large visant à construire un avenir où la dignité humaine est préservée et les dommages environnementaux sont réparés.
Agir ensemble pour protéger l’eau douce et notre avenir commun
Les recherches récentes montrent que les limites des frontières planétaires pour l’eau douce ont été franchies et que l’avenir de notre planète et de l’humanité est désormais menacé. Il est temps d’agir collectivement pour repenser notre modèle de développement et construire un monde plus équitable et durable. Ensemble, nous avons la capacité d’inverser cette situation et de préserver nos précieuses ressources en eau douce pour les générations futures.