Au cours d’une réunion avec les industriels concernés par les permis d’exploration de gaz et huiles de schiste en France, les ministres de l’écologie et de l’industrie se sont assurés de leur coopération dans la suspension des travaux d’exploration en contrepartie d’une prolongation des permis d’exploration.
Le gouvernement est prêt à accorder aux industriels détenteurs d’un permis d’exploration de gaz ou d’huile de schiste en France « une éventuelle prolongation de la durée des permis d’exploration afin de prendre en compte ces décisions » à savoir la suspension des travaux d’exploration réclamée par les ministères de l’industrie et de l’écologie dans l’attente d’un rapport qui leur sera remis en juin prochain. Dans un communiqué commun publié dans la soirée du jeudi 10 février les ministres ont montré à quel point ils n’entendaient pas renoncer aux hydrocarbures liquides ou gazeux non conventionnels présents dans le sous-sol en France.
Dans l’après midi, ils avaient reçu les représentants des industriels en question (Schuepbach Energy, Total, Toreador Energy France associé à Hess Oil France, Gdf Suez, Vermillon Rep). Officiellement il s’agissait de faire le point avec eux sur l’avancement de leurs travaux et de s’assurer de leurs bonnes dispositions à l’égard de la suspension des opérations de terrain préparant les forages exploratoires. Leur coopération a été d’autant moins difficile à obtenir que ces derniers prennent conscience en même temps que le gouvernement de l’ampleur de la contestation qui se développe sur les territoires concernés. A l’heure où était publié le communiqué du gouvernement, débutait à Villeneuve-de-Berg en Ardèche une réunion publique à laquelle les représentants de GDF-Suez avaient finalement refusé de participer.
Un calendrier peu perturbé
Nul doute cependant que le deal suspension provisoire des travaux contre prolongation des permis aura facilité la prise de conscience. Toutefois, la suspension ne perturbe que partiellement les calendriers que les industriels s’étaient eux-mêmes fixé. Vermillon Rep qui devait débuter des tests de fracturation hydraulique fin février en Seine-et-Marne et Toreador Energy France associé à Hess Oil France qui devait engager les siens à Château-Thierry dans l’Aisne en mars, devront patienter quelques semaines de plus, la suspension s’arrêtant pour eux à la remise du rapport d’étape prévue m-avril. En revanche, même s’ils devront attendre, eux, le rapport définitif annoncé pour début juin, le report est moins problématique pour Schuepbach associé à GDF-Suez en Ardèche, Aveyron, Gard, Lozère et Hérault qui n’entendait débuter les forages qu’en octobre prochain et pour Total qui ne prévoit rien avant début 2012 en Ardèche, Drôme, Gard, Hérault et Vaucluse.
« Nous avons pu obtenir un consensus de l’ensemble des acteurs présents pour suspendre les travaux d’exploration des gaz de schiste et de fracturation hydraulique et pour mieux associer les élus et la population » s’est félicité la ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Et si elle promet le dialogue avec les élus et la population, ce dernier aura lieu « sous des formes qu’ils (les industriels –NDLR) préciseront prochainement ». Ils voudront donc bien dialoguer mais suivant des modalités fixées par eux-mêmes, on sait par exemple qu’en Ardèche GDF-Suez entend privilégier les rencontres individuelles avec les élus, les propriétaires et les associations. « Je me réjouis de l’état d’esprit coopératif dont ont témoigné les industriels » a quant à lui déclaré Eric Besson son homologue à l’industrie. Les industriels, eux, n’ont rien dit.